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Une seule UNEF : celle du MEDEF

Publié le par Rudi Dutschke

Texte de février 2001, toujours d'actualité !

Une seule UNEF : celle du MEDEF

Le gag commence à être usé. Depuis quelques années, on nous annonce tous les six mois la réunification entre l’Unef-se et l’Unef-id (organisations nées de la scission de l’Unef en 1971), et cette fusion est à chaque fois repoussée.

 

Mais cette fois, c’était sûr : la réUNEFication allait avoir lieu mi-décembre 2000, les nouveaux bacheliers se voyant dès le mois de juillet proposer des coupons pour être membres de la future organisation unique. L’Unef-id devait alors prononcer sa dissolution début décembre - ce qui était bien pratique pour échapper aux poursuites judiciaires dans l’affaire de la MNEF (pour des salaires fictifs versés à plusieurs des membres du Bureau National). Tout allait donc très bien, un seul détail restait à régler : le congrès de l’Unef-se d’avril 1999 ayant voté à une large majorité contre la réunification, il fallait organiser un congrès extraordinaire histoire de faire semblant de respecter la démocratie.

 

 Chérie, j'ai rétréci la démocratie !

 

Cela eut lieu les 11 et 12 novembre 2000, à Orsay. Et, à la surprise générale, ce congrès s'est prononcé contre la réunification. Ce ne fut qu'un des épisodes burlesques d'un congrès digne des Monty Python : la direction de l’Unef-se repoussant l’ouverture du congrès en fin d’après-midi, cela pour avoir le temps d’invalider les mandats de certains délégués opposés à la réunification, un délégué parlant à la tribune de "sabotage", "manipulations" et "coups de force" de la part du Bureau National, ce dernier arrêtant le congrès avant d'être réélu, voyant bien qu'il n'avait pas la majorité (provoquant ainsi la colère de nombre de délégués, dont certains refusèrent un moment de quitter la salle).

 

Le congrès commun prévu à Paris s'est ainsi trouvé transformé en lieu de débats informels. Cette réunion a été un échec, réunissant peu d'étudiants, de fortes divergences apparaissant entre les différentes parties, certains membres de l'Unef-id n'hésitant pas à plaider pour un rapprochement entre les facs et le Medef (groupement des patrons), montrant ainsi leur haute estime du principe de service public.

 

Aujourd’hui, les bureaux nationaux sont tout deux fragilisés (voire illégitime dans le cas de l’Unef-se). Même si la réunification est désormais prévue pour mai 2001, on assiste en réalité à un pourrissement général de la situation. Faut-il s’en plaindre ?

 

 Des motivations essentiellement politiciennes

 

Pour répondre à cette question, examinons les raisons de cette réunification. Tout comme la scission originelle avait des motifs purement politiques, c'est en raison d'une volonté du PC et du PS que tout ceci a commencé. En effet, et toujours dans la démarche de "gauche plurielle", le PS voit là un moyen idéal pour s'assurer une hégémonie sur les facs, et le PC - très affaibli - un moyen de sauver les meubles. La future organisation réunifiée n'a pas vocation à être un outil d'expression et d'action pour les étudiants (ce que doit être un syndicat étudiant), mais une centrale cogestionnaire, instrumentalisée par des groupes politiques. Pour preuve, examinons l'état actuel de l'Unef-id, qui sera le modèle de fonctionnement de la future centrale.

 

 Unef se + id = Unef séides

Dans un texte de 1999 signé par pas moins de 66 adhérents de l’Unef-id (dont deux membres du bureau national), il est indiqué que l’Unef-id “ n’agit que pour promouvoir ses propres intérêts et prive les étudiants de toute responsabilité concrète en les soumettant à la domination d’une équipe restreinte de professionnels ”. Il est exact qu’en faisant croire à la toute-puissance des conseils d’université, et en faisant tout pour étouffer toute tentative des étudiants d’instaurer un rapport de force (Assemblées Générales, actions concrètes...), l’Unef-id est aujourd’hui un obstacle pour les revendications étudiantes. En apportant son soutien aux réformes qui remettent en cause le service public de l’université (récemment celles de Bayrou et d’Allègre, poursuivies par Lang), l’Unef-id sert de courroie de transmission du gouvernement et contribue à faire accepter des reculs considérables (par exemple la semestrialisation, qui n’a pour intérêt que de s’aligner sur le “ modèle ” anglo-saxon). On en est arrivé à un tel niveau que la direction de l’Unef-id a jugé opportun de poser cette question lors de son dernier congrès (mai 1999) : “ Reste-t-il des divergences avec la FAGE ? ” (la FAGE étant la fédération des corpos). En effet, on se le demande.

 

En tout cas, il est clair que l’Unef-id a tourné la page syndicale au profit d’une ligne néo-corporatiste mieux vue des gouvernements, donc plus avantageuse pour les dirigeants et leur future carrière politique. Mais derrière une volonté d’hégémonie et un triomphalisme affiché, la réalité est toute autre : l’Unef-id n’est absolument pas une organisation de masse, son nombre d’adhérents est au contraire en baisse constante : 0,3 % des étudiants officiellement, sûrement moins en réalité. Reste un réseau de bureaucrates se tirant dans les pattes pour des querelles d’appareils, et bien sûr les célèbres pratiques maffieuses : outre la mise en examen de l’Unef-id et de la plupart de ses anciens dirigeants dans l’affaire de la MNEF, citons aussi l’annulation des élections au CNESER de 1998 pour cause de fraude massive de la part de l’Unef-id. Détournement de fonds destinés à la santé des étudiants et fraude électorale : une certaine idée de l’indépendance et de la démocratie.

 

Quand l’Unef-id fait boum

Au cours d’un Collectif National au mois d’octobre (le seul de tout le semestre, c’est dire l’activité intensive qui règne à l’Unef-id), la tendance majoritaire (dirigée par des membres de la Gauche Socialiste, un courant du PS) a éclaté en trois tendances, principalement en raison du congrès du PS qui avait lieu le mois suivant. L’Unef-id, qui était divisée en trois tendances, en est maintenant à cinq tendances : quatre dirigées par différents courants du PS, et une par des membres de la LCR. Et cela ne pourra qu’augmenter dans le cas d’une réunification : la direction de l’Unef-se (contrôlée par des membres du Parti Communiste) n'acceptera certainement pas de s’affilier à un courant du PS, et créera donc probablement sa propre tendance. De plus, l’Unef-se Nantes, dont le départ vers l’Unef-id est probable, a déjà annoncé qu’elle ne rejoindra aucune des tendances existantes... Bientôt l’Unef-id divisée en sept ? La situation est claire : pendant que le service public de l’université est attaqué, certains groupes politiques passent leur temps à se battre pour tenir une fraction du gouvernail d’un rafiot en train de couler.

Du côté des syndicats…

Lors du dernier congrès, les syndicats de lutte encore présents à l’Unef-se ont cherché à rassembler le plus de sections possibles, et ont tenu une ligne réduite à l’opposition au Bureau National et à la réunification. Si le report de la réunification a été obtenu, ce vote ne fait que repousser le problème, et n’arrange rien à la crise de structure que traverse le syndicalisme étudiant depuis les grèves de novembre et décembre 1995. Au sein de l'Unef-se, les chefs de file de l’opposition étaient Limoges et Caen, aujourd’hui partis créer Solidarité Etudiante et la Fédération Syndicale Etudiante. Il y a donc une importante division des syndicats en de nombreuses petites structures (FSE, SE, ASL, certaines sections de l'Unef-se et de SUD, etc…), alors que seule une structure nationale pourrait permettre d’informer correctement les étudiants et de les aider à obtenir la satisfaction de leurs revendications premières, à savoir de bonnes conditions d’étude, la valeur des diplômes, en théorie garanties par le service public de l’université.

 

Parce que c’est primordial - y compris pour la société dans son ensemble - il faudra des militants pour obtenir cela. En effet, loin des manœuvres politiciennes, l’union des étudiants dans la lutte n’est pas seulement indispensable : elle est possible.

 

 

 

La première publication de cet article se trouve dans le mensuel La Canonnière (ISSN 1293-2736), mars 2001.

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